Une des plus grandes préoccupations au moment d’envoyer une création en impression est le respect de la colorimétrie. En tant que graphiste, designer, agence de communication, mais aussi éditeur, enseigniste ou reprographe… Tout le monde est concerné !
La question se pose d’autant plus quand il s’agit d’un imprimeur en ligne. Le fait de ne pas être présent sur place pour contrôler la colorimétrie avant le tirage peut être un frein.
Mais alors, comment est certifiée la colorimétrie chez un imprimeur en ligne ?
Pour répondre à cette question, nous avons interrogé Stéphane, le Directeur de Production d’Exaprint. En tant qu’imprimeur en ligne exclusivement dédié aux professionnels des arts graphiques depuis bientôt 20 ans, Exaprint a développé un savoir-faire et des procédés de production en réseau qui répondent aux exigences de qualité requis par les labels, certifications et normes. Voulez-vous savoir comment est certifiée la colorimétrie dans l’imprimerie en ligne ?
Contenu
- 1 Interview de Stéphane PONANT, directeur de Production chez Exaprint :
- 1.1 En tant que client, comment évaluer la qualité colorimétrique d’une impression ?
- 1.2 Comment garantir une colorimétrie parfaite ?
- 1.3 La qualité de colorimétrie des imprimeurs en ligne est-elle égale à celle ds imprimeurs traditionnels ?
- 1.4 Comment se fait le contrôle qualité chez un imprimeur comme Exaprint ?
- 1.5 Quels sont les produits les plus délicats en matière de rendu colorimétrique ?
- 1.6 Comment répondre à ces problématiques ?
- 1.7 Que se passe-t-il si malgré tout, le client n’est pas satisfait de la couleur de ses impressions ?
Interview de Stéphane PONANT, directeur de Production chez Exaprint :
En tant que client, comment évaluer la qualité colorimétrique d’une impression ?
C’est une question difficile car notre client dispose rarement des moyens techniques (spectro, cabine d’éclairage, écrans calibrés, par exemple) ou même des moyens pratiques pour évaluer scientifiquement la couleur . En effet en dehors des épreuves couleurs certifiées qui présentent une Mediawedge, les gammes qui permettent le contrôle de la couleur ne sont généralement pas livrées aux clients.
Pour évaluer la couleur, il faut utiliser 2 approches complémentaires.
La première est technique. Elle consiste à mesurer scientifiquement les composants de la couleur et de comparer ces valeurs au référentiel correspondant (ISO 12647-2 ou PSO 12647).
Certains imprimeurs, communiquent à leurs clients des rapports (issus des mesures réalisées durant l’impression) qui précisent les conditions dans lesquelles le tirage s’est effectué. Chez Exaprint, ces rapports sont utilisés par les qualiticiens (pour la gestion des réclamations et l’amélioration continue).
La seconde est complémentaire et subjective et consiste à vérifier avec vos yeux (dans des conditions d’éclairage maîtrisées) si l’impression est correcte :
- Comparer à l’aide d’une épreuve couleur certifiée (voir d’un nuancier couleur certifié)
- vérifier si un moirage est présent (trame)
- chercher si vous constatez une sorte de moutonnage sur les couleurs
- juger de la fluidité des dégradés, du piqué des images, du repérage et de l’aspect naturel des couleurs
La première approche vous permet de vérifier que toutes les conditions ont été réunies pour reproduire la couleur telle que prévue (contrôle que nous ferons avant et pendant l’impression).
La seconde vous permet de vérifier que la théorie donne bien le résultat attendu : une belle image pour le client final. Mais comparez ce qui est comparable et n’oubliez pas le rôle du support, des finitions et de l’éclairage sur votre perception des couleurs. Comparer le résultat imprimé avec votre écran, c’est possible, mais à condition de vous plier à de sérieuses conditions (rapprochez-vous d’un professionnel conseil).
Et enfin, n’oubliez pas que chacun perçoit les couleurs de façon différente !
Comment garantir une colorimétrie parfaite ?
L’enjeu pour les imprimeurs est d’être capables de reproduire correctement la couleur sur des technologies différentes, à des moments différents de l’année et sur des supports différents. Pour cela, il existe des normes, des référentiels et des pratiques autour de la couleur qui sont partagés par les différents acteurs de l’industrie des arts graphiques.
Dans notre réseau, chaque paramètre qui influe directement ou indirectement sur la couleur (forme/taille du point, angle de trame, supports, encres, plaques, chimies, eau, méthodes, etc.) fait l’objet de différents contrôles avant et pendant le process de fabrication.
Des appareils de mesure tels que Spectrophotomètres, densitomètres, etc… sont exploités à chaque étape du process pour contrôler, corriger ou valider les éléments constituant la couleur de la forme imprimée.
Ces appareils interprètent des patches de couleur qui sont placés sur la forme imprimée (bande d’encrage, Media Wedge, IT8, etc.) et qui, une fois comparés au référentiel correspondant (ex : IsoCoated V2), permettent d’indiquer si la couleur est correcte ou plus exactement si elle se trouve dans la tolérance acceptable pour la teinte souhaitée (DeltaE).
Sur les presses offset, il est maintenant possible de lire et de procéder à des corrections sur chaque feuille, à la vitesse d’impression. C’est impressionnant et extrêmement fiable !
La qualité de colorimétrie des imprimeurs en ligne est-elle égale à celle ds imprimeurs traditionnels ?
Notre réseau d’atelier est composé à 100% d’imprimeurs de labeur qui se sont spécialisés pour le web-to-print. De ce fait, la maîtrise de la couleur d’un imprimeur de notre réseau est au minimum équivalente à celle d’un imprimeur offline classique. Par ailleurs, étant donné le positionnement d’Exaprint qui ne travaille qu’avec des professionnels des arts graphiques, l’exigence colorimétrique de nos clients et, par voie de conséquence, notre exigence interne figure certainement parmi les plus élevées du marché. Notre objectif est non seulement de produire de la bonne couleur, mais d’être parfaitement capable de la reproduire au fil du temps et d’une manière industrielle !
On pourrait penser que les imprimeurs traditionnels ou offline, sur le plan de la colorimétrie, offrent certains avantages à leurs clients impossibles à trouver chez un imprimeur en ligne. Ils leur permettent par exemple d’assister au calage pour des ajustements de dernière minute ou pour la validation d’un bon à rouler. C’est un service apprécié des professionnels qui, à mon avis, doit être utilisé avec doigté, surtout si il s’agit de reproduire la tonalité d’un précédent tirage, imprimé par définition dans des conditions inconnues (et parfois non conforme aux normes colorimétriques). Chacun sait qu’on ne transforme pas sa photogravure en machine…
Le coût horaire et la gâche d’une machine au calage sont exorbitants et les possibilités d’ajustement sont plutôt réduites. L’avantage initial peut donc très vite devenir un gros inconvénient pour l’imprimeur, et par voie de conséquence pour le client. Il est donc préférable de revenir sur la photogravure des fichiers, en s’appuyant sur un process standardisé et donc répétable dans le temps.
Comment se fait le contrôle qualité chez un imprimeur comme Exaprint ?
Pour commencer, nous respectons la norme ISO12647-7 sur tous nos procédés prépresse et ISO 12647-2 sur tous nos procédés d’impression offset et digital feuille. Nous avons aussi repris les bonnes pratiques du PSO (Procédés Standardisés Offset, selon l’ISO 12647) et disposons au sein du réseau de labels ou certifications complémentaires comme Imprim’vert ou FSC.
Toute notre chaîne graphique est sous contrôle. Cela signifie que tous les outils, les process et consommables sont contrôlés, et que nos procédés de traitement de fichiers et de fabrication sont conformes à ces standards.
Nous auditons nos ateliers et vérifions leur maîtrise de la colorimétrie à travers différents tests menés à échéances régulières. Nous opérons des tests similaires lorsque nous choisissons d’ajouter un atelier à notre réseau et ces tests vont bien au delà de la seule colorimétrie.
Sur le plan opérationnel, lorsque nous contrôlons les fichiers clients, nous redressons colorimétriquement ce qui doit l’être dans le respect des originaux et des normes pré-presse de l’ISO (par exemple, nous réduisons le taux de couverture d’encre pour limiter le maculage sans impacter la couleur, nous respectons les profils embarqués pour les éventuelles conversions RVB vers CMJN, nous modifions les intentions de rendu quand elles sont inadéquates, etc…).
Lors de l’impression, des systèmes embarqués ou nearline sont chargés de contrôler la qualité de la couleur, parfois même sur chaque feuille, avec correction automatique en cas de dérive. Après l’impression, lors des différentes étapes, nous procédons à des contrôles visuels de la qualité des produits. Cela nous permet de rejeter des travaux défectueux, de remonter rapidement à la cause et de procéder aux corrections. A chaque fois qu’un opérateur le juge nécessaire, une épreuve certifiée peut être éditée, une mesure complémentaire peut être diligentée ou un retirage peut être lancé.
Depuis 2004, la profession a fait de très gros efforts sur le plan technologique et sur celui des certifications et des méthodes. Il s’en est suivi une vraie réappropriation des procédés de fabrication des produits imprimés par les imprimeurs. Par le passé, faute de mieux, cette maîtrise et ce savoir-faire dépendaient souvent des fournisseurs de presse ou de solution pré-presse (quand vous changiez de marque, vous changiez souvent de méthode et de référentiel). Heureusement ce temps est révolu et tous les professionnels partagent maintenant un socle de connaissance solide sur la gestion colorimétrique.
A mon sens, les challenges qu’il nous restent à relever concernent l’unification des normes colorimétriques au plan international (ISO et GRACOL), la gestion des azurants optiques (ou OBA) et leur impact sur la perception des couleurs, et enfin une norme colorimétrique spécifique autour des technologies digitales du Large Format.
Quels sont les produits les plus délicats en matière de rendu colorimétrique ?
Lorsque vous imprimez en amalgame, ce qui est généralement notre cas pour les cartes de visites, flyers ou dépliants, vous accentuez théoriquement les risques sur le plan de la cohérence couleur (par exemple, la dépense d’encre d’un visuel peut influer sur le visuel du dessus). Chez Exaprint nous prenons beaucoup de précautions pour palier ce risque et organiser nos amalgames dans le respect des couleurs et des dominantes. Nous ne remplissons pas la feuille coûte que coûte si cela conduit à dégrader la qualité fournie à nos clients.
Un autre produit qui peut s’avérer délicat est la brochure. En effet, si vous êtes amené à imprimer une brochure sur une presse offset, vous serez certainement confronté au même risque, sans avoir la possibilité de modifier l’emplacement de telle ou telle page (l’ordre des pages peut vous contraindre).
Comment répondre à ces problématiques ?
Ces questions sont au coeur de nos préoccupations chez Exaprint et nous prouvons chaque jour à nos clients professionnels qu’ils peuvent nous faire confiance.. Nous optimisons nos amalgames sur le plan technique, mais aussi sur le plan colorimétrique. Ceci nous demande un travail important en prépresse pour agencer les visuels en fonction de leur dominante couleur (nous positionnons les visuels en fonction des contraintes de façonnage ou d’optimisation de surface, mais aussi en fonction de leur colorimétrie). C’est pourquoi nous sommes toujours à la recherche de solutions technologiques afin de faciliter ces tâches complexes sans remettre en cause la qualité des produits.
Nous nous intéressons par exemple aux presses offset à cylindre anilox qui n’ont plus de clés ou de canaux couleur à gérer, ou encore aux presses digitales feuilles ou continues qui progressent chaque année en coût, en format et en vitesse d’impression. Citons également les dernières presses de Benny Landa (le créateur des presses Indigo) que nous avons découvert lors de la dernière Drupa et qui impriment en jet d’encre avec des nano-encres. Non seulement ce type de presse offre une surface d’impression supérieure aux presses offset 70×102 mais en plus, elle le font à très grande vitesse (13 000/h), sur une gamme de support très élargie, sans nécessiter un travail d’agencement des couleurs. La qualité d’impression est très élevée, la gâche est réduite, la souplesse inégalée et il semblerait même que les coûts d’exploitation soient très compétitifs…. C’est ça l’avenir !
Que se passe-t-il si malgré tout, le client n’est pas satisfait de la couleur de ses impressions ?
Exaprint dispose d’un service après-vente dotés de plusieurs collaborateurs experts qui chercheront la meilleure solution pour le client, en général une réimpression après avoir vérifié que l’anomalie n’est pas liée à des caractéristiques du fichier lui-même. Il ne s’agit pas seulement d’apporter une réponse à court terme, mais aussi et surtout de comprendre, caractériser et collecter les problématiques diverses rencontrées sur nos produits ou nos lignes de fabrication, afin d’engager des plans d’amélioration continue permettant d’améliorer la qualité chromatique sur le long terme.
Au cours des cinq dernières années nous avons considérablement réduit le nombre de réclamations pour défaut de colorimétrie. Jadis première cause d’insatisfaction ce défaut est désormais devenu très rare.
Ce résultat a pu être obtenu grâce aux normes colorimétriques, grâce à l’évolution des technologies, grâce à la maîtrise des procédés de fabrication, grâce à notre volonté et à notre technicité, mais aussi grâce à nos ateliers qui ont placé la qualité et le client au cœur de leurs préoccupations.