C’est l’histoire d’un graphiste indépendant, basé à Montélimar, qui grandit, grandit et diversifie ses activités pour ensuite mieux réduire la voilure, se recentrer sur son cœur de métier et privilégier le travail collaboratif et agile. Rencontre avec Vincent Belliardo, fondateur d’Ideal Design.
Vincent Belliardo est un véritable caméléon. Celui qui se destinait au début des années 2000 à devenir designer-produit après un BTS à l’Institut Européen du Design de Toulon a rapidement changé son fusil d’épaule, privilégiant son installation à Montélimar, sa ville natale. « Après quelques travaux ponctuels dans le design, on m’a demandé de créer un magazine, puis de travailler sur un logo. Au fur et à mesure, j’ai fait de plus en plus de travaux de ce type et l’aventure en tant que graphiste indépendant a démarré ». Le bouche à oreille fonctionne bien, et, au bout de deux ans, il recrute son premier salarié.
Mieux collaborer pour progresser
Dans le même temps, il diversifie ses activités, et commence à proposer de la signalétique, de l’impression et des sites Internet. « Je me suis également associé à une autre structure qui avait une ligne de vêtements. Nous développions du textile en sublimation (un procédé d’impression sur tissu, ndr) et nous travaillions avec une usine en Tunisie ». Une association qui va l’amener à monter des défilés et d’autres manifestations, et lui permettre ensuite de proposer des prestations dans l’événementiel. Depuis deux ans, Ideal Design se recentre sur le graphisme, son cœur d’activité. « Cela ne veut pas dire que nous abandonnons nos autres prestations, comme le textile, les sites internet ou l’événementiel.
Mais nous nous sommes adaptés et nous fonctionnons de manière beaucoup plus collaborative qu’auparavant. Il y a quelques années, l’agence comptait sept personnes dans les locaux. Aujourd’hui, nous fonctionnons avec deux permanents, quelques collaborateurs freelances et des prestataires triés sur le volet, spécialistes dans leur domaine d’activité. Cela nous donne beaucoup plus de souplesse et de réactivité et cela permet à chacun de travailler en toute indépendance. »
Ainsi, pour la création de sites Internet, Vincent Belliardo travaille toujours avec la webmaster qui était auparavant intégrée dans la structure : « c’était plus facile pour elle de fonctionner comme cela, car elle pouvait travailler en parallèle à d’autres projets, et moi, je n’avais plus la pression (financière) d’avoir à trouver continuellement des sites web à réaliser. Aujourd’hui, nous collaborons à la carte, et cela simplifie et fluidifie les choses. Nous prenons le temps de nous occuper correctement de nos clients et nous avons largement gagné en qualité. » Même chose pour l’impression. Vincent Belliardo travaille beaucoup avec un imprimeur local, qui réalise la plupart de ses travaux. Mais pour les choses plus spécifiques, il fait appel à Exaprint. « C’est un vrai plus. Nous pouvons par exemple proposer des cartes de visite avec des finitions haut de gamme pour un prix raisonnable, ce qui serait impossible dans les mêmes conditions (délai, prix, service) si nous demandions le même type de travail à notre imprimeur habituel. »
Apporter un vrai service de conseil
Pour Vincent, ce qui compte, c’est de s’adapter. « Nous avons de la chance d’être dans un secteur où il y a toujours du travail. Quand ça va mal, une entreprise a besoin de communiquer pour que cela aille mieux. Et quand ça va bien, elle a besoin de le faire pour que cela continue ! Donc ce n’est pas une question d’activité, c’est plutôt une question d’être en phase avec les demandes du marché ». Cet amoureux du print ne s’émeut d’ailleurs guère de la révolution numérique à l’œuvre actuellement : « Pour moi, le print ne mourra jamais. Il y aura toujours une demande pour le support papier. Et il faut reconnaître que le numérique et Internet notamment ont apporté un vrai plus à nos métiers.
Alors oui, la concurrence est désormais globale, et, en théorie, ma petite agence montilienne doit se battre pour conserver sa place face aux gros acteurs du marché Français et étranger. Mais la réalité est tout autre. Les choses ne sont jamais gratuites. J’ai beaucoup de clients qui sont passés par des plateformes pour créer leur site ou commander leurs travaux d’impression et qui, finalement, reviennent vers moi pour avoir un vrai accompagnement et un vrai service de conseil. »
Un secteur d’avenir
Pour lui, les métiers du graphisme offrent toujours de belles perspectives. « Internet a ouvert des portes. Dans certains cas, il n’y a même plus besoin de suivre une formation spécifique. Et je vois tous les jours des petits jeunes, qui, sans avoir de réseau particulier, débarquent sur le marché, démarchent des clients et trouvent des missions. » Cette concurrence “sauvage” n’est pas franchement un problème pour lui, désormais bien implanté dans le paysage local. Il va même jusqu’à affirmer qu’il n’y a pas assez de concurrence. « Le vrai problème avec les jeunes qui se lancent, c’est qu’ils bradent leurs services et qu’ils cassent le marché. Et souvent, ils ne tiennent pas six mois parce qu’ils travaillent à perte. Pour moi, il y a largement assez de travail pour de nouveaux entrants. Mais il faut éviter le cannibalisme ».
D’ailleurs, il regrette que les écoles de design ou de graphisme n’abordent pas assez les questions de gestion, de facturation et de valorisation du travail. « Quand on gagne son premier client, on est super-content, mais que se passe-t-il ensuite ? C’est un vrai manque dans les formations actuelles. Un bon graphiste est aussi un bon gestionnaire. » Aujourd’hui, Vincent Belliardo envisage à nouveau de recruter un collaborateur. « Je suis très heureux d’avoir réduit la voilure et d’avoir quitté un rôle de manager pour retrouver l’aspect créatif de mon métier. Mais on a atteint nos limites et il va falloir que je recrute à nouveau pour franchir un cap. Et c’est un vrai dilemme pour moi, car entre privilégier une personne expérimentée, mais moins souple et plus cher, ou un jeune, plus frais, que je vais devoir former… le choix est stratégique. ».
Pour la suite, il anticipe la part grandissante du numérique dans son activité, même s’il pense qu’on arrivera à un certain équilibre entre les supports : « Une bonne communication ne peut être efficace que si elle utilise différents vecteurs. Le numérique ne remplacera donc jamais entièrement l’affichage ou le print. » Une chose est sûre, Vincent Belliardo continuera de mener sa barque en caméléon, sous le doux climat de Montélimar.