Quand on travaille une illustration destinée à l’impression, une question cruciale se pose rapidement :
Dois-je rester en CMJN ou basculer sur une couleur Pantone ?
Le choix n’est pas anodin : il influence non seulement la fidélité colorimétrique, mais aussi le rendu final des aplats et des dégradés. Et entre la théorie (les profils ICC, les gamuts colorimétriques) et la pratique (le rendu réel sur presse), il peut y avoir… des surprises.
Dans cet article, on vous aide à anticiper les pièges et à choisir la meilleure solution pour vos projets créatifs.
Contenu
CMJN : le standard incontournable
Comment ça marche ?
Le CMJN (Cyan, Magenta, Jaune, Noir) repose sur le mélange de quatre encres primaires.
Chaque teinte est obtenue par superposition de trames microscopiques sur le papier.
Avantages
- Standard universel → tous les imprimeurs travaillent en CMJN.
- Flexibilité → gestion des dégradés, ombrages et nuances illimitées.
- Compatible avec les images complexes (photos, illustrations vectorielles colorées, textures).
Limites
- Aplats délicats : sur de grandes zones unies (ex. un ciel bleu clair), on peut percevoir des variations ou un léger moirage.
- Dégradés sensibles : certains dégradés légers (jaune → blanc) risquent de « casser » et produire des bandes visibles.
- Gamut restreint : certaines couleurs vives (orange néon, bleu électrique, vert fluo) sont impossibles à reproduire fidèlement.
Pantone : la précision absolue
Comment ça marche ?
Les couleurs Pantone (ou encres directes) sont prémélangées et appliquées en aplat uniforme, sans trame CMJN.
Chaque teinte possède son code unique (ex. Pantone 485 C pour un rouge vif).
Avantages
- Uniformité parfaite : un aplat Pantone sera toujours homogène, sans effet de trame.
- Couleurs impossibles en CMJN : fluo, métalliques, pastels très précis.
- Cohérence internationale : idéal pour l’identité visuelle d’une marque.
Limites
- Coût plus élevé : chaque Pantone ajoute une plaque supplémentaire en offset.
- Moins flexible : difficile à utiliser pour les dégradés (un Pantone → un autre Pantone est rarement fluide).
- Pas toujours dispo en numérique : en impression numérique, on simule souvent un Pantone en CMJN… avec une approximation
Alors, CMJN ou Pantone ? Les cas concrets
Choisissez le CMJN si…
- Vous imprimez des illustrations riches en nuances (ex. un paysage avec textures et dégradés complexes).
- Vous avez besoin de flexibilité et de maîtrise des coûts.
- Votre projet implique photos + illustrations vectorielles (brochures, affiches, catalogues).
Choisissez le Pantone si…
- Vous devez respecter une charte graphique stricte (logo, identité de marque).
- Vous cherchez une couleur impactante (fluo, métallique, pastel pur).
- Vous voulez garantir une uniformité absolue sur les aplats (packaging, papeterie, signalétique).
Gérer les aplats sans mauvaise surprise
En CMJN : évitez les pourcentages faibles (ex. 5 % cyan → bandes visibles). Préférez un aplat Pantone pour les zones sensibles.
En Pantone : pour un aplat XXL, choisissez un papier bien couché afin d’éviter l’absorption irrégulière de l’encre.
Astuce pro : si vous restez en CMJN, privilégiez des dégradés subtils (15 % → 0 %) plutôt que trop abrupts.
Et les dégradés dans tout ça ?
CMJN : idéal pour des dégradés progressifs (du rouge au jaune, par exemple). Mais attention au banding : vérifiez toujours en simulation avant impression.
Pantone : les dégradés Pantone → Pantone sont complexes et rarement fidèles. Si vous voulez vraiment un dégradé lisse, restez en CMJN.
Mix intelligent : une base CMJN pour les dégradés + un Pantone spot pour les zones en aplats (logos, titres, encarts).
CMJN ou Pantone, le choix dépend de votre usage.
- CMJN reste le standard pour les illustrations détaillées et les dégradés.
- Pantone s’impose pour les aplats parfaits, les couleurs uniques et les identités visuelles exigeantes.