Issu d’une famille sensible à la peinture, l’artiste Franck Noto découvre l’art du graffiti et des tags alors qu’il n’a même pas quinze ans. Aujourd’hui peintre abstrait, son travail synthétise ses différences influences et revisite les codes classiques du graffiti, s’affranchissant des conventions et des règles préalablement établies. Il mélange les styles et les techniques, en utilisant aussi bien le pinceau que la bombe en spray, le marqueur et le rouleau.
Parrain du Salon d’Art Contemporain Solid’Art Montpellier qui s’est terminé il y a quelques jours, cet amoureux des couleurs vives, des courbes et de la suggestion, nous fait le plaisir de nous recevoir dans son atelier montpelliérain, pour répondre à nos questions.
Contenu
- 1 Bonjour Franck, tout d’abord merci de nous recevoir au sein de ton atelier, situé en plein cœur de Montpellier. Peux-tu nous présenter ton univers artistique et son origine en quelques mots ?
- 2 Sur quoi travailles tu en ce moment ?
- 3 Tu as participé à la création de fresques gigantesques dans plusieurs villes du monde, ce qui est une expérience unique pour tout artiste. Peux-tu nous décrire quelles sensations cela procure de voir son travail transposé en version XXL ?
- 4 Quelle est ta vision sur le « street art » aujourd’hui ?
- 5 Quelles sont tes principales sources d’inspiration en tant qu’artiste?
- 6 Et ton lieu idéal pour te ressourcer et déconnecter ?
- 7 Quel est ton support préféré et ta technique ?
- 8 As-tu une anecdote à partager avec nos lecteurs ?
- 9 Pour finir, tu es le parrain du prochain salon Solid’Art 2023, que cela signifie-t-il pour toi en termes d’engagements ?
Bonjour Franck, tout d’abord merci de nous recevoir au sein de ton atelier, situé en plein cœur de Montpellier. Peux-tu nous présenter ton univers artistique et son origine en quelques mots ?
Mon univers artistique se nourrit de l’énergie. Je m’efforce de capturer l’essence d’un geste, d’un trait, d’une boucle, pour exprimer toute l’émotion qui l’accompagne. Mon parcours artistique a débuté très jeune avec le graffiti, un style davantage figuratif, mais aujourd’hui c’est l’art abstrait qui m’anime. Ce choix m’a offert une liberté totale pour libérer des émotions brutes à travers mes créations.
Je conserve quand même le graffiti comme une part essentielle de mon travail. Sa technique de peinture par projection et différent de l’utilisation d’un pinceau ou d’un autre outil traditionnel. La projection devient ainsi une extension des vibrations qui résident en nous, ce qui offre une connexion unique avec l’art.
Sur quoi travailles tu en ce moment ?
Je suis plongé dans plusieurs expositions simultanément, tout en consacrant une partie de mon temps à la préparation du salon Solid’Art, qui s’annonce prometteur. De façon générale, je m’exprime sur deux dimensions distinctes : celle du mur, qui représente l’espace public et demande de remplir une surface monumentale, et celle de la toile, qui se déroule dans l’intimité de l’atelier.
Le mur, c’est un défi et une opportunité de laisser une empreinte dans l’environnement urbain. En revanche, la toile exige une réflexion plus profonde, où chaque détail compte, et où l’essence même de l’œuvre doit être concentrée dans un espace restreint. Actuellement, je me concentre davantage sur ce travail en atelier, cherchant à exprimer l’essentiel à travers des formats plus modestes.
Tu as participé à la création de fresques gigantesques dans plusieurs villes du monde, ce qui est une expérience unique pour tout artiste. Peux-tu nous décrire quelles sensations cela procure de voir son travail transposé en version XXL ?
Mon parcours artistique a débuté avec le dessin, comme tout enfant qui découvre le plaisir de créer. Ensuite, j’ai découvert le graffiti, qui m’a permis avec les années de travailler sur des formats plus grands, publics, ouverts à tous. Le grand format est donc un support avec lequel j’ai l’habitude de travailler depuis toujours.
Lorsque l’art prend sa place dans l’espace public, il devient visible de tous, gratuit, et cela signifie beaucoup de choses pour moi. Mon objectif en réalisant ces immenses fresques urbaines est avant tout de toucher un maximum de personnes et de participer à réanimer l’art populaire. C’est une belle expérience de voir l’art dépasser les frontières et toucher autant de personnes.
Quelle est ta vision sur le « street art » aujourd’hui ?
Déjà, le Street Art, pour moi, est devenu un mot un peu fourre-toutauourd’hui. Je n’ai pas vraiment d’autre mot pour le définir, mais à l’origine, il était synonyme de graffiti. À cette époque, il était illégal, non commercial, et son langage artistique ne s’adressait qu’à une infime partie de la population.
Aujourd’hui, ce que l’on appelle « Street Art » est à l’opposé de ce qu’il était à ses débuts. Il est devenu commercial, accessible à un public beaucoup plus large. Je ne me considère pas comme un artiste de Street Art à proprement parler. Je suis un artiste qui a évolué à partir du graffiti et qui s’exprime désormais à travers un travail artistique personnel, principalement sur toile.
Il faut quand même reconnaitre que le « Street Art » a donné naissance à une nouvelle forme de tourisme artistique. Les amateurs d’art du monde entier affluent vers les quartiers urbains où ces œuvres sont exposées. C’est une belle manifestation de l’interaction entre l’art et la société, où les rues des villes deviennent des galeries à ciel ouvert.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration en tant qu’artiste?
Pour moi, c’est un véritable défi de m’exprimer avec des mots. Là où je trouve le plus de facilité, c’est dans la peinture. Je suis quelqu’un de très sensible, je capte l’énergie des gens qui m’entourent, je ressens leurs émotions, et mes envies artistiques varient en fonction de ces ressentis. La peinture agit comme un exutoire, me permettant de canaliser toute cette énergie.
Mes principales inspirations proviennent des personnes proches qui m’entourent au quotidien. Leurs émotions, leurs joies, leurs peines, tout cela m’influence profondément.
Et ton lieu idéal pour te ressourcer et déconnecter ?
Mon atelier ! C’est mon antre. C’est là que je trouve la sérénité nécessaire pour peindre, pour réfléchir, pour me retrouver. Je suis quelqu’un de simple, et ma famille, mes enfants sont mes sources de bonheur et d’équilibre. Mon atelier, en plus d’être mon refuge créatif personnel, est également un espace collaboratif où plusieurs artistes se rassemblent. Il abrite également l’association Line UP, qui a pour mission de rendre accessible l’art aux enfants. Mon atelier est donc un lieu empreint de créativité, de partage, et de ressourcement, à la fois pour moi et pour la communauté artistique qui l’anime.
Quel est ton support préféré et ta technique ?
Le support que je préfère, c’est la toile.
Et pour la technique, je travaille en utilisant des strates par projection de peinture. La projection me parle particulièrement car il n’y a aucun contact physique direct avec le support. Le seul contact réside dans nos pieds enracinés dans le sol, et ce sont les vibrations de notre corps qui s’expriment à travers la projection de la peinture.
Ce que j’aime particulièrement dans le travail sur toile, c’est cette notion d’archéologie artistique. On passe, on repasse, et l’énergie des œuvres subsiste par superposition. Je peins, je cache, je repeins, je cache à nouveau, puis j’arrache ! … Ma technique, c’est la peinture par soustraction. Chaque œuvre est unique, et le résultat demeure imprévisible. Cette approche permet de replacer au cœur de l’œuvre la matière initiale, lui donnant une dimension unique.
As-tu une anecdote à partager avec nos lecteurs ?
Oui une vraie anecdote :
Nous sommes passés d’individus qui devaient à l’origine, se cacher, sans donner nos vrais noms, car nous étions alors considérés comme de simples « gars de quartier », des délinquants, pour être aujourd’hui perçus comme de véritables artistes. Cette transformation souligne l’importance de persévérer lorsque l’on est animé par des convictions profondes. Il est essentiel de continuer à exercer sa passion, même si cela semble aller à contre-courant des conventions. Cette anecdote révèle la puissance de l’art pour aller au-delà les stéréotypes et les préjugés, transformant des marginaux d’avant en artistes respectés et reconnus aujourd’hui.
Pour finir, tu es le parrain du prochain salon Solid’Art 2023, que cela signifie-t-il pour toi en termes d’engagements ?
Pour moi, l’enfance et l’accès à l’art et à la culture sont des sujets qui me tiennent profondément à cœur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai créé l’association « Line Up ».
Dès mon plus jeune âge, j’avais le rêve de devenir un grand artiste simplement pour que l’un de mes tableaux puisse un jour faire de bonnes actions. Je savais que des artistes renommés, comme Picasso, pouvaient vendre leurs œuvres à des prix incroyables, et je rêvais du jour où l’un de mes dessins pourrait aider à sauver de nombreux enfants.
Avec Solid’Art, ce rêve est devenu réalité. Mes œuvres, exposées et vendues lors de cet événement, permettront à des enfants de partir en vacances et d’avoir accès à la culture. Je crois profondément en leur potentiel, car chaque enfant est un passionné en puissance. Je fais confiance à la nouvelle génération pour accomplir de grandes choses. En tant que parrain de Solid’Art 2023, je veux transmettre ce message d’espoir et d’engagement en faveur de l’enfance, de l’art et de la culture. Mon implication dans cet événement est une manière de concrétiser ma conviction que l’art peut être un vecteur puissant de changement social et de transformation positive.
Merci Franck pour ce très bon moment passé en ta compagnie