Designer graphique et directeur artistique, Vincent Desclaux, natif de Bruxelles, est installé à Paris depuis 2010. À la tête de son studio indépendant de design, il y développe des travaux de commandes et des collaborations de projet. C’est lui qu’Exaprint a choisi pour imaginer et concevoir son nouveau logo. Rencontre avec un créatif exigeant et perfectionniste.
Concevoir l’univers graphique d’un imprimeur quand on est soi-même artisan de cette même industrie, la boucle est bouclée. Comment avez-vous abordé cette commande ?
Comme un challenge. J’ai trouvé cet exercice extrêmement intéressant à plusieurs titres. Notamment parce que cette commande, un peu particulière je le conçois, impose de prendre un double recul : d’une part sur l’exercice de création, d’autre part sur nos métiers dans leur globalité.
C’est à dire ?
Disons que c’est un peu l’histoire des fameux cordonniers qui sont, paraît-il, les plus mal chaussés (sourire). En d’autres termes, il est plus facile de parler des autres que de soi ou de s’appliquer les mêmes principes. Ici, pour répondre à la commande d’Exaprint, il a fallu que je me plonge tout entier dans leur univers, qui est aussi le mien depuis plus de dix ans : celui de l’imprimerie, du papier, des normes techniques et des repères que seuls les professionnels du secteur maîtrisent et connaissent. Pour cerner l’identité du client, j’ai du m’interroger sur ma propre pratique de l’impression : à la fois designer graphique et client de l’industrie graphique en question. Producteur et commanditaire au quotidien d’un point de vue professionnel, tout en adoptant le point de vue du client novice en la matière.
Quel est l’objectif recherché en adoptant ce nouveau logo ?
Le souhait était de moderniser le logo d’Exaprint tout en restant fidèle à son savoir-faire historique: l’imprimerie. On retrouve donc dans la typo du logo quelques clins d’oeil aux professionnels de l’impression, comme par exemple les “hirondelles”, ces petits repères de découpe bien connus des opérateurs en imprimerie. Comme ce logo doit toutefois aussi symboliser la modernisation d’une entreprise qui a 20 ans d’expérience, j’ai réfléchi au format et opté pour une proposition minimaliste. Le tout est une synthèse des deux objectifs que je viens de vous expliquer : des lettres stylisées qui forment le mot Exaprint, un enchaînement qui ressemble à une suite de pictogrammes, tout en revêtant un caractère technique. J’ai ainsi pu rajouter un troisième ingrédient, essentiel à mes yeux : l’aspect ludique.
Et concernant les couleurs ?
Là encore, je me suis référé à un code propre à l’industrie : le CMJN qui, vous le savez, renvoie au langage utilisé en offset pour évoquer les couleurs à la base de toute création : cyan, magenta, jaune, noir. En partant de là, j’ai revisité le modèle. Je l’ai contourné, mais sans l’éviter complètement. Par exemple, comme Exaprint est une plateforme d’impression en ligne, j’ai travaillé les couleurs avec une approche presque plus centrée sur l’écran que sur le papier ! J’ai adouci le rouge, éclairci le jaune, éclairé le noir (qui devient ainsi presque un gris, comme sur les applications mobiles, ndlr.) et saturé le bleu pour obtenir un aspect plus proche du Flat design.On peut parler d’un travail tout en nuances.
En dehors de ces codes conventionnels et propres à l’univers de l’imprimerie, quelles ont été vos autres sources d’inspiration ?
Je me suis aussi inspiré d’univers différents de l’offset, en restant toutefois proche de l’univers de l’imprimerie, suffisamment vaste pour que je l’explore. Étant particulièrement sensible à l’artisanat et à la noblesse de nos métiers, j’ai puisé un peu de mon inspiration dans la risographie, dans la sérigraphie… Dans le défi créatif que les contraintes imposées par certaines méthodes et certains outils nous offrent de relever. Une palette de couleurs plus restrictive en riso ? Hop, une contrainte intéressante à intégrer et le problème est solutionné. J’ai le goût de la contrainte comme source de challenge et de fil rouge de la solution.
Quelle fût la difficulté principale pour ce projet alors ? Hormis l’identité du client.
Le temps de réactivité sur des solutions de communication sur-mesure. Par exemple, proposer une solution de teaser en motion design pour acter le rebranding du logotype le jour des 20 ans, tout en gardant le mystère et la conception ouverte pour la charte graphique à développer.
On ressent chez vous un goût certain pour la méthode, le repère, la règle normée.
Cette proposition est un clin d’œil à l’immense patrimoine de l’imprimerie avec un spectre contemporain. Ce logo est, en quelque sorte, une référence culturelle solide et une création à mi-chemin entre deux grandes écoles européenne : l’école suisse, normée, cartésienne, presque rigide ; et l’école hollandaise, toute en formes et en couleurs.
Bio Express
L’homme
Vincent Desclaux est designer graphique et directeur artistique. Né à Bruxelles, il travaille actuellement à Paris.En 2017, il a fondé un studio indépendant de design pour y développer des travaux de commandes et des collaborations de projets.
Le studio
Situé à la Ménagerie de Verre dans le 11e, le studio développe des projets d’ampleurs et de cibles variées, « en mettant en avant une méthodologie de conception adaptée aux besoins évolutifs de la communication », explique-t-il.
L’expert
De l’identité visuelle imprimée aux interfaces numériques, son expertise concerne l’usage des couleurs et des formes, le conseil en typographie, la méthodologie de grilles et de gabarits et la mise en place de systèmes graphiques globaux. Des systèmes qui permettent de dessiner logotypes et pictogrammes, d’encadrer la direction de photographies ou d’illustrations, mais également de penser un design d’espace.
Publications
étapes: 237, Acrobates Builder
étapes: 220
étapes: 185, diplôme
Let’s Thinks Out Loud!,
Chaumont 2014
Visible #13, Expo Milano 2015
Idn, vol.22, Studio Chevalvert
Retrouvez toutes les créations et l’actualité de Vincent Desclaux sur : vdesclaux.com @vdesclauxdesign (instagram et RS)